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Colloque d'Aix en Provence

 

9h 45.
Je cherche le conservatoire Darius MILHAUD à Aix en Provence, espérant entendre le beuglement d'un boeuf sur le toit... des magnifiques hôtels particuliers de cette ville.
Mieux vaut suivre les musiciens qui portent sur leur dos leur instrument pour trouver mon chemin, les paisibles bovins étant... sans doute déjà aux paturages ! Nous allons tous assister au colloque pédagogique organisé par LAMIRESOL, Association de violonistes qui a proposé à l'AFV et aux "Amis de l'alto" de se joindre à ces journées pédagogiques. Pour la première fois, trois associations dédiées aux instruments à cordes s'unissent pour proposer un espace de rencontre, de formation et un chantier participatif.


     Invité par notre Association, je me suis donc retrouvé dans le hall du conservatoire de Musique entouré de professeurs et étudiants en CEFEDEM venant de toutes les Régions de France pour confronter leurs idées et s'assurer que leurs cours sont dans la mouvance. On reconnait certains visages qui vous dévisagent, aprés qu'un regard furtif sur le badge portant votre nom et suspendu au cou, vous aide à identifier l'individu (ce qui devient vite gênant, lorsque la personne visée est une femme...).
"Ah oui, cher ami(e) c'est toi, comme le temps passe vite ..." En attendant les retardataires, une collation est servie et l'ambiance devient plus animée. Hélène SANGLIER-BOULOT secrétaire active et dynamique de LAMIRESOL nous pousse gentiment vers l'auditorium du Conservatoire où nous attend Emmanuel BIGAND, Directeur du "Laboratoire d'Etude de l'apprentissage et du développement" qui s'intéresse à la cognition, à l'émotion et à la pratique musicale.


     Durant une heure et demie, ce neuro-scientifique passionné et instrumentiste lui-même, nous fera pénétrer dans les méandres du cerveau. Graphiques à l'appui, il tentera de nous prouver grâce aux recherches de son laboratoire de Bourgogne et à celles de ses collègues internationaux que notre cerveau est différent des non-musiciens. Tout le monde se redresse. "Je le savais !..."


     Au terme de ces explications complexes, on finit par se demander où est le sien, si l'on en a un, tant on se sent perdus dans les multiples expériences neurologiques traitées par ces chercheurs, qui ont fini par trouver que nous musiciens, sommes vraiment différents. Le premier rang est debout... Hélas, pas le temps de poser de questions, il est temps d'assister à une masterclass filmée du fantasque Ivry GITLIS aux prises...avec un jeune et talentueux violoniste Franco-Vietamien. Hagards, nous sortons de l'auditorium pour aller retrouver des nourritures un peu plus terrestres que celles de cette enrichissante matinée.
L'aprés midi de ce samedi sera réservée aux masters classes du violoniste C.FREY, de l'altiste M.MICHALAKAKOS (président des amis de l'alto ) et du violoncelliste X.GAGNEPAIN autour de divers Ensembles de chambre. Les conseils avisés de ces pédagogues donneront peut-être à ces étudiants l'idée de se retrouver de l'autre côté de la scène, le stress en moins...
C'est qu'il faut le mériter ce cerveau que l'on dit si différent !!!
19h Déjà ? et fin des masters class...un succulent buffet nous attend dans le hall du conservatoire ! Moment très convivial de ce week end où les participants n'ont plus besoin de loucher sur les badges...
En préparation de ce colloque, l'Association LAMIRESOL présidée par le violoniste Alexis Galpérine, avait pris soin de faire parvenir un questionnaire auquel les invités C.H. JOUBERT, F.LAINE,C.POIGET, A.ROUSSIN et moi-même, devions répondre et proposer à nos amis musiciens de faire part de leurs réflexions sur la pédagogie et des problèmes rencontrés dans les Conservatoires. Reccueillis par C.H. JOUBERT, il fut de bon ton aprés une telle journée (même avec un cerveau différent, j'insiste...) d'entendre avec un humour bien acerbe les propos écrits de nos collègues...(quel bon moment !!!)
Solfège excessif, accompagnement des parents, improvisation, parité des éléves (filles-garçons), directives souvent autoritaires de certains Directeurs etc
Pas un mot hélas sur les futurs rythmes scolaires prévus par l'Education Nationale (dont j'ai dénoncé tout de même publiquement les diktats au cours de ce colloque), sur les baisses de moyens financiers, sur les comparaisons des pédagogies utilisées à l'Etranger, les erreurs d'orientation etc et d'autres sujets brûlants que beaucoup de collègues auraient voulu aborder.

 

Nous attendaient pour finir la soirée, neuf "tables rondes" traitant de sujets d'actualité et animées par les invités cités plus haut.

 

-Le répertoire, (ce qui marche)
-Débuter ?( quand, comment, pourquoi)
-Heur et malheur de la pédagogie de groupe
-Professeur d'instrument à cordes : un acteur culturel de la cité ?
-Musique de chambre (Quand commencer, dans quel but, qui l'enseigne ?)
-Orchestre
-Spécificité de l'enseignement des cordes
-Les pédagogie alternatives à inventer, à expérimenter
-Amateur / professionnel (Quelle est la différence ?).

 

     Ces réunions de travail devaient nous retenir jusqu'à tard le soir, (les boeux des toits étant rentrés à l'étable depuis longtemps...) quand nous avons quitté les lieux.
Le lendemain, aprés avoir assisté à une présentation des instruments à cordes des luthiers d'AIX, et à nouveau réunis en tables rondes, nous devions rendre compte du résultat des réflexions pointues de nos cerveaux...pour les résumer et les commenter, au cours d'un bilan collectif qui occupa une bonne partie de la matinée.
Les heures qui suivirent le repas furent consacrées au rôle de l'improvisation grâce aux commentaires d'Emmanuelle VINCENT.
Les conclusions relevées au cours de ce Dimanche furent remplies d'intelligence et de pensées qui prouvent que les pédagogues ou futurs pédagogues présents, font preuve des mêmes finesses d'enseignement. Certains étaient peut-être venus pour apprendre à les dire ou aborder les problèmes de communication que l'on rencontre dans les débuts de la vie pédagogique.


     Qu'il est réconfortant toutefois de confronter ces méthodes pour s'assurer que les voies de ce métier si diffiicile nous amènent à rendre nos élèves heureux de venir suivre nos cours, de conduire leur vie de musicien de façon humaine, de jouer de leur instrument le plus naturellement du monde...de s'adresser au public avec simplicité afin de montrer que la vie et la scène ne sont en réalité pas si différentes.

 

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