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Pourquoi j’écris de la musique…

 

     Etudiant de Paul Tortelier pendant plusieurs années,, au CNSM de PARIS tout d’abord, puis à la Folkwang Hochschul-Musik d’ESSEN (Allemagne) j’ai eu la chance et la joie, de vivre les moments exaltants de la passion que ce grand Maître vouait à la composition musicale.
Lui-même élève de Gérard HEKKING violoncelliste et compositeur, il appartenait à cette race d’homme qui se lève au milieu de la nuit en se demandant ce qu’il pourrait apporter de nouveau à ce monde qui ne sait pas écouter … et aussitôt d’écrire un thème ou une Valse , surtout si elle est « alla Maud »… (prénom de notre si chère « maman-cello »).
Nous la recevions nous, cette ébauche d’œuvre, aux premières heures de notre cours au CNSM et autour du piano, jeunes étudiants que nous étions, écoutions avec admiration la naissance au piano, de cet enfant nouveau.
Avec son éclatant sourire « des bons jours... » et les yeux rougis par une nuit blanche, il nous demandait notre avis…
« Et toi Frédouille , me demandait-il, qu’en penses tu ? »
Du haut de mes quatorze ans, j’approuvais timidement…
Je suis fier d’avoir été le témoin d’une de ces naissances, qui aujourd’hui fait partie du répertoire du violoncelle et est jouée partout dans le monde.
Tout au long de mes Etudes avec lui, il m’a mis au défi de composer comme l’on fait avec grand talent mes prédécesseurs violoncellistes .
« Ecris me disait-il, compose. Tu as des choses à dire, gomme, rature, recommence, explore ta tête et ton cœur, raconte ce que tu ressens ».


     Trop occupé à mes Etudes Instrumentales , je n’ai hélas, pas eu le temps d’approfondir celles des classes d’Ecriture, (malgré mon entrée en classe d’harmonie au CNSM,) ni même celle de l’étude du piano, clé de la création musicale. Car si l’on fait un rapide tour des compositeurs, on s’aperçoit que c’est dans le milieu pianistique que l’on en rencontre le plus, initiés très tôt à la polyphonie.


Le conseil de Paul Tortelier et celui de laisser un héritage au répertoire du violoncelle n’ont cessé de me poursuivre.


     Sans forcer une quelconque inspiration et me lever au milieu de la nuit… ( je me souviens cependant d’un certain Tango fini sur le bord d’une route… ) je me suis mis à composer.


     Les Popper, Romberg, Davidov, Bréval, Goltermann, Bazelaire et tous les autres… n’avaient pas besoin eux, de cet accessoire goudronné… pour achever leur composition, ayant assez de talent pour s’en passer.
J’ai noirci des portées, gommé, raturé, détruit des pièces sans importance pour moi (ni pour les autres d’ailleurs…) sans avoir le désir de les présenter une fois achevées, aux Editeurs.


     Durant toutes ces dernières années, j’ai accumulé pièces sur pièces, pour Hautbois, clarinette, alto, percussion, violoncelle (s) écrites au cours des tournées, pendant lesquelles les longs déplacements font du temps un précieux compagnon.
Jusqu’au jour où mon frère Jacques, qui ne dort pas du tout…(altiste de notre trio à cordes familial) m’a présenté à l’un des responsables vigilants des Editions Van de Velde, auquel j’ai enfin osé présenter quelques pièces de ma composition.
Par la suite et très récemment, mon « Tango triste » pour deux violoncelles a été publié au catalogue Delrieu. (Prochainement « Cinq Curiosités » pour violoncelle solo verront le jour à ce même catalogue, ainsi que d’autres projets qui sont à l’étude)


     Fort de cette expérience, j’ai décidé de réunir quarante de mes pièces pour violoncelles et proposé à Alain BERNAUD, grand Prix de Rome et professeur au CNSM, de m’accompagner dans cette aventure…
Quel courage il m’a fallu pour envoyer mes compositions aux Editeurs et comme il reste difficile de mettre une partie de son cœur dans une boîte aux lettres ( surtout quand elle n’a rien à voir avec …Elise !).
Le premier envoi a été le bon et les Editions COMBRE ont accepté de publier mes  « Quarante Etudes amusantes » pour deux violoncelles ou violoncelle et piano.
Puis encore au catalogue Combre, ce fut « Djapou » (du Népalais, « Force de travail »)  pièce de virtuosité pour violoncelle et piano, dédiée à notre cher Philippe MULLER.


     Aujourd’hui après avoir poussé la lourde porte de la pudeur, j’essaye d’enrichir le répertoire du violoncelle (instrument que je connais bien…) et tenter de faire avancer sa technique avec l’utilisation de doigtés subtils, (qui peut le faire mieux qu’un violoncelliste pour des violoncellistes ???) et en laissant toutefois, une place très importante à la Musique.
Vous qui me lisez, quand vous feuilletterez ces « Etudes Amusantes », vous vous apercevrez rapidement que ces pièces ne sont du tout rébarbatives (pardon Messieurs Feuillard et Grützmacher…) mais qu’au contraire, par les fantaisies musicales utilisées, elles font oublier les difficultés de la technique. L’humour a toujours été pour moi un des complices de la séduction.
Tangos, Berceuses, Galops, Polkas, Menuets, Habanera et autres mélodies aux thèmes populaires, accompagnées au piano ou au second violoncelle, qu’avez-vous fait de vos tribulations ?


     Amis pédagogues, ne soyez pas surpris par l’absence de nuances sur trente neuf de ces Etudes, ne les cherchez pas. Aidez plutôt vos élèves à les découvrir, afin de développer leur imagination musicale et faire de ces pièces une oeuvre qu’ils devront défendre avec leur propre interprétation.
« Le plus beau cadeau que BACH nous ait laissé dans ces six Suites, c’est de n’avoir noté aucun doigté, aucune nuance et pas d’articulation ...»
C’est un très bon exemple à suivre !!!

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