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PLAIDOYER POUR LE TRIO A CORDES !

 

     Prisonnier entre la sonate et quatuor, le trio à cordes a toujours eu des difficultés à se faufiler dans les festivals et les programmations de concerts ou des enregistrements sur les ondes nationales ou internationales. La postérité n’a laissé en France que peu de nom. Seuls, le Trio Pasquier, le trio à cordes de Paris ou le Trio à cordes Français semblent subsister dans notre siècle.
    

     Alors que Schubert, Mozart, Beethoven, Haydn n’en finissaient plus de remplir leurs opus avec le roi à 16 cordes, le trio et ses petits accords de trois sons, lançant toujours son appel de détresse, semblait dire, « on cherche un quatrième, on ne trouve pas, alors pensez à moi ! »
Peu ont écouté cette triste mélodie. Quelques-uns pourtant, ont entendu sa plainte . Le grand Ludwig, courageux dans son monde isolé, en composa 5, quelle prouesse ! quand les autres, les oreilles tendues (parce que très tirées…) et saines, n’en ont écrit qu’un ou deux.
Merci, Mozart, pour ton Divertimento, si long que tu n’avais sans doute rien prévu pour un autre …, Schubert, pour ton petit mouvement de génie de 1816 qui nous rapproche de l’état de grâce et pour celui de 1817. Qu’il est triste que Haydn n’ait pas mieux compris l’alto, en lui préférant un second violon !

 

« Mais qu’avez vous fait pour moi , Schumann, Mendelssohn, Brahms,

Dvorak, Chopin, vous , les grands harmonistes de l’époque romantique ? 
Mes 12 cordes étaient sans doute trop faibles pour représenter votre génie ! Elles auraient eu pourtant leur place dans les «  nobles salons »  de l’époque baroque. Mais là, c’est l’alto qui n’avait pas le vent en poupe …Décidément, j’étais déjà très mal parti !!! »

 

     Pour enrichir le son du pauvre trio à cordes, on demande à un invité de se joindre au concert. Quel répertoire , quelle fête ! De la flûte, du hautbois, du piano, de la clarinette …Les compositeurs baroques et les plus grands romantiques s’y sont plongés avec maestria. Ouf ! j’ai encore échappé encore cette fois- ci, à la retraite anticipée !
L’école Française de la fin du 19e début 20e n’a pas aidé non plus cette formation à se développer. Aucun trio à cordes de St Saens, de Faure, de Frank, de d’Indy ,de Debussy, de Ravel,… qui avaient déjà épuisé leur force dans la composition d’un unique Quatuor. Le génie français était passé .
Trop tard, pas de place encore une fois pour le Trio à cordes.


     Cependant, quelques téméraires compositeurs, ont voulu vaincre l’adversité.
Nos compatriotes Roussel, Milhaud, Ropartz, Françaix … ont laissé pour cette formation de petits chefs d’oeuvre . Outre Rhin,
Dohnanyi , Schönberg, Webern, Martinu, Schnittke, Penderecki... ont su allier rythme et mélodie , jongler avec les complexités du contrepoint, trouver des effets sonores, et sortir cette formation de poche de sa torpeur. Même si l’altiste souffre de temps en temps des contorsions dues aux doubles cordes…
« Alors, je continue ma route , interrogeant des amis qui auraient pensé à  ma survie, traînant dans les bibliothèques musicales, cherchant dans la vie des Grands compositeurs des pièces de jeunesse inavouées… Sibélius, Enesco, Strauss, Borodine… tout juste citées dans les archives de la musique de chambre. Mais la pêche est bonne et les filets se remplissent…
«  L’Ecole contemporaine a décidé de me faire la part belle. Jolas  Bacri, Guérinel, Ancelin, Lemeland, Petit, Pousseur, Scortino, Dusapin, Giraud, Scelsi…et bien d’autres soldats du renouveau, me font  sentir  un parfum de fraîcheur dans le jardin de la musique. Qu’il est dommage que le temps manque à Henri Dutilleux , fierté de notre pays, pour composer encore un chef d’œuvre ! De quel arc-en-ciel il aurait coloré notre répertoire !
« Alors , je me retourne et commence à m’apercevoir que la liste importante d’oeuvres commence à s’allonger et qu’il est temps de relever dignement les trois crosses vers l’avenir du trio à cordes, qui semble prometteur. »
 A quand une Organisation pour la défense du trio à cordes , plus en péril que son grand frère le quatuor ?


 J’entends de loin résonner un nom pour une nouvelle jeunesse :
 Pro- triett !

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